Comment dessiner de façon esthétique et super détaillée en style animé

Comment ajouter de nombreux détails à une illustration (mais pas trop)

L'artiste Carles Dalmau explique les techniques permettant de créer des illustrations complexes et convaincantes, avec beaucoup de détails. Découvrez comment harmoniser la composition de votre tableau pour mettre en valeur la partie principale de celui-ci !

 

Sommaire

  1. Introduction
  2. Simplifier les objets et les comprendre en perspective
  3. Valeurs (premier plan, second plan et arrière-plan)
  4. Conceptualiser la scène (esquisse)
  5. Dessin au trait
  6. Colorisation et ombrage
  7. Touches finales
  8. Formats d’image et exportation

 

1. Introduction

Lors de la création d’illustrations, il est courant de commettre l’erreur de vouloir insérer tellement de détails que l’image devient saturée, perdant ainsi le sens d’origine.

 

Dans ce tutoriel, je vais vous apprendre à inclure de nombreux éléments dans une illustration de manière à ce qu’elle n’ait pas l’air trop chargée et à ce que l’élément principal que vous souhaitez mettre en évidence soit bien visible.

 

 

Pour créer l’illustration de ce tutoriel, j’ai utilisé deux logiciels différents :

 

  • CLIP STUDIO PAINT (CSP) pour l’esquisse et l’encrage numérique.

CSP dispose d’un stabilisateur de pinceaux qui rend vos lignes très confortables et fluides à tracer. Cela (à mon avis) fait de ce logiciel un outil idéal tant pour l’encrage que pour l’esquisse de vos illustrations.

 

  • Photoshop (PSD) pour la colorisation et les touches finales.

Comme PSD est spécialement conçu pour la retouche photo, il dispose de nombreuses options en termes de colorisation et de post-production des images, ce qui rend la colorisation numérique très facile.

 

2. Simplifier les objets et les comprendre en perspective

Pour toute illustration (qu’elle soit simple ou plus complexe), vous devez comprendre que tout élément qui y apparaît, que ce soit un personnage ou un objet dans l’environnement, peut être simplifié en formes géométriques. Cela vous fera gagner beaucoup de temps pour localiser n’importe quel élément dans le dessin en perspective.

Les formes les plus courantes (et les plus faciles à réaliser) sont les cubes, les cylindres, les sphères et les pyramides.

 

 

Il est très important de connaître les bases de la perspective avant de commencer à faire un dessin de ce type. Mais pour rationaliser le processus, je pense qu’il est également très important de comprendre la perspective instinctivement, c’est-à-dire d’être capable de localiser n’importe lequel des éléments mentionnés ci-dessus en tout point de l’espace sans utiliser de points de fuite. Cela vous aidera beaucoup lorsque vous voudrez insérer de nombreux objets dans une seule image sans avoir à tracer de nombreux points de fuite différents.

 

Voici un exercice qui aide à aiguiser cet instinct : prenez une photo d’un espace (une rue ou une pièce) et essayez de créer différentes formes géométriques dans l’image sans utiliser de points de fuite. Utilisez uniquement la perspective de la photographie comme référence pour le placement des figures.

 

 

Si vous appliquez le concept de cet exercice à l’illustration que vous souhaitez réaliser (j’utiliserai l’illustration du tutoriel comme exemple), vous pourrez créer une base sur laquelle vous pourrez dessiner très facilement.

 

 

De la même façon que vous venez d’utiliser la perspective de la photo comme référence pour faire les figures géométriques, vous pouvez utiliser la perspective de ces figures de référence pour faire des figures encore plus détaillées ! Commencez simple et puis augmentez petit à petit la complexité de votre illustration.

 

 

Je conclus cette section en soulignant combien il est important de comprendre l’objet que vous dessinez ; l’utilisation de références est donc fortement recommandée.

 

3. Valeurs (premier plan, second plan et arrière-plan)

La meilleure façon de réaliser des compositions dynamiques et approfondies est de garder à l’esprit le premier plan, le second plan et l’arrière-plan. Comme leur nom l’indique, il s’agit d’organiser les éléments de votre illustration en fonction de leur distance par rapport au point de vue.

 

1 (premier plan), 2 (second plan) et 3 (arrière-plan)

 

 

En fonction de la complexité de l’image, vous pouvez avoir plus d’un second plan, comme dans la pièce ci-dessous :

 

 

Note : Séparer les éléments en différents blocs vous aidera également lorsque vous en viendrez aux couleurs. La raison en est que cela vous aide à garder tous les éléments organisés.

 

4. Conceptualiser la scène (esquisse)

Ensuite, je vais expliquer la façon dont j’esquisse la plupart de mes dessins. Gardez à l’esprit que faire une illustration est une chose très subjective et, en fin de compte, nous avons tous nos propres façons de travailler confortablement.

 

Pour ce dessin, je savais que je voulais montrer une fille se reposant avec ses animaux dans un environnement très détendu, alors j’ai commencé à gribouiller jusqu’à ce que je sois satisfait du résultat. À ce stade du processus, je ne me concentre pas sur l’image finale – je ne pense qu’à l’idée et à la façon dont je veux que les objets soient répartis dans la scène. J’utilise généralement une perspective isométrique (surtout pour les intérieurs), car elle permet de localiser beaucoup plus facilement les éléments dans l’image.

 

Une fois que j’ai enfin une idée qui me plaît, je dessine une esquisse de ce à quoi le résultat ressemblerait en termes de composition. Je pense que l’astuce consiste à réfléchir à l’endroit où vous positionneriez votre appareil photo si vous vouliez prendre une photo de la scène. Ces esquisses sont uniquement destinées à vous permettre de comprendre la composition de l’œuvre, alors ne vous souciez pas de les rendre propres et belles. Ici, j’essaie d’appliquer ce que j’ai expliqué dans les sections 2 et 3 d’une manière plus intuitive.

 

Lorsque l’esquisse est terminée, je commence à créer l’esquisse finale. En utilisant le croquis que j’ai fait plus tôt, et en regardant les références des objets que je veux mettre dans la scène, je dessine les détails et les éléments de l’image pour que tout ce que je veux mettre dans l’illustration soit clair. À ce stade, je pense aussi à la manière dont l’éclairage va affecter l’image finale.

 

 

Comme je l’ai déjà dit, le point focal de l’image est la jeune fille qui se repose, donc, pour la faire ressortir dans la composition, j’ai besoin de beaucoup de détails dans tous les éléments qui l’entourent, mais aussi de laisser un espace entre eux afin que son visage puisse être rapidement identifié par le spectateur. J’ai également profité de l’ombre dans l’image pour « couper » le dessin en deux et aider le spectateur à se concentrer rapidement sur le visage de la fille, car il est trop facile pour notre regard de suivre la partie inférieure du dessin. Avec cette ombre, je suis également capable de créer cette atmosphère détendue que je voulais pour cette image.

 

Enfin, il est très important que, si vous n’êtes pas sûr de savoir comment dessiner quelque chose, commencez simplement et ajoutez progressivement de la complexité.

 

Note : Pour tous mes croquis dans CSP, j’utilise une plume Saji personnalisée avec une opacité de pression ; 36 % de pression et 59 % d’aléatoire.

 

5. Dessin au trait

Une fois le croquis défini, faire le dessin au trait est très simple. Il faut cependant beaucoup de patience (et de références) pour comprendre exactement ce que vous souhaitez illustrer. Cette étape est très importante pour vous faciliter la vie dans l’étape de colorisation. Personnellement, je fais le dessin au trait par blocs, en séparant chaque groupe d’éléments par l’endroit où ils se trouvent dans l’image, comme vous pouvez le voir ci-dessous :

 

 

Chaque bloc a son propre dessin au trait et sa propre couleur de base. Dans ce cas, ils sont divisés en 4 dossiers différents. En organisant l’illustration de cette manière, vous pouvez diviser le dessin en plusieurs sections, ce qui facilite grandement le processus de colorisation et d’ombrage.

 

Note : Pour faire mon dessin au trait, j’utilise la même plume Saji personnalisée que j’ai utilisée dans le croquis, mais cette fois je n’utilise pas l’opacité de pression.

 

6. Colorisation et ombrage

Une fois que j’ai terminé mon dessin au trait, j’exporte le document sous forme de fichier PSD et je commence à ajouter des ombres. Dans ce cas, comme il n’y a qu’une seule source de lumière, j’ai créé les ombres sur un seul calque avec le mode de combinaison « Produit ».

 

Grâce au fait que j’ai divisé le dessin au trait en sections dans l’étape précédente, la colorisation va beaucoup plus vite puisque je peux me concentrer sur chaque section du dessin séparément. À ce stade, je préfère penser aux couleurs spécifiques de chaque élément individuel plutôt que de les considérer comme un groupe.

 

Ombrage (à gauche) et couleurs (à droite)

 

 

À ce stade, j’aime peindre le dessin au trait à l’intérieur des éléments. Cela fait partie de mon style personnel, mais je pense que cela m’aide à rendre l’image moins chargée, car ces lignes de couleur ne sont pas trop sombres. Voici les étapes que je suis :

  1. Je verrouille le calque où se trouve le dessin au trait.
  2. Je choisis la couleur principale à l’intérieur de la ligne, ou, si la couleur est trop neutre (comme pour ce chien blanc), je choisis une couleur similaire, mais plus saturée (dans ce cas, un rouge très clair).
  3. Selon l’effet que je veux obtenir, j’augmente ou je diminue l’opacité du pinceau (dans la capture d’écran ci-dessous, vous pouvez voir les différentes opacités que j’ai utilisées dans chaque partie).

 

 

Lorsque je réunis le calque d’ombrage et les couleurs de base, voici à quoi ressemble le dessin :

 


 

7. Touches finales

À ce stade, je viens de terminer de rassembler tout ce que j’ai dessiné jusqu’à présent.

 

Pour obtenir l’ambiance de coucher de soleil que je recherche, j’utilise le filtre photo orange de PSD, ainsi qu’un calque avec le mode de combinaison « Incrustation », où je mets en valeur les tons chauds de l’image en utilisant une teinte plus jaune/orange pour la lumière et une couleur légèrement lilas/rougeâtre pour les ombres.

 

Note : Dans de telles situations, l’utilisation du calque « Correspondance de la couleur » peut être très utile, car elle comprend plusieurs préréglages de couleurs qui peuvent améliorer considérablement l’aspect final de votre œuvre d’art.

 

Une fois que vous avez les couleurs et les ombres que vous recherchiez, il vous suffit d’apporter les dernières touches au dessin. Pour mieux centrer l’image sur la fille, j’ai décidé de rendre l’ombre un peu plus large (pour donner l’apparence qu’elle soit entourée d’une fenêtre). De cette façon, je peux créer une sorte de cercle autour de la fille, qui dirige les yeux vers le centre de l’illustration.

 

 

Remarques :

(1) Je recommande de dépasser sur les bords des ombres avec un autre calque réglé sur « Incrustation » où la lumière est plus forte.

(2) Quand une forte lumière rentre dans une pièce, on peut aussi voir des taches brillantes de poussière, comme celles que j’ai ajoutées sur tout le dessin.

(3) L’ajout de couleurs plates avec la couleur principale de la lumière sur des surfaces spécifiques (comme les cheveux) les fait ressortir davantage.

 

 

Le dessin est terminé !

 


 

8. Formats d’image et exportation

Je travaille généralement sur mes illustrations en gardant à l’esprit le format des images Instagram. Instagram autorise les trois formats suivants (et les variations entre eux) :

 

 

Je choisis l’un de ces trois formats et je le multiplie par 3. Autrement dit, si je veux opter pour une image de 1080 x 1080 px, je ferai ma toile en 3240 x 3240 px, de cette façon la résolution est beaucoup plus élevée qu’une illustration plus petite lorsque je l’exporte (en PNG) vers mon téléphone pour la publier sur Instagram.

 

 

À propos de l’auteur

Carles Dalmau est un illustrateur, concept artist et auteur de bande dessinée né à Gérone. Il travaille actuellement en free-lance pour diverses entreprises, jeux indés et particuliers. Il publie aussi régulièrement ses illustrations sur Instagram et compte plus de 310 000 abonnés.

https://www.instagram.com/carles_dalmau/

https://twitter.com/carlesdalmauart

 

 

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